mardi 19 mai 2015

Point final.

Statut: Par la racine.

Hier durant mon insomnie je suis tombée sur cette très triste histoire en baladant sur ce compte instagram
Mon coeur en a été tout chamboulé et une immense vague de sympathie et d'empathie m'a envahie pour cette maman. On ne doit pas voir mourir ses enfants. Ce n'est pas dans l'ordre des choses. Ce sont eux qui doivent nous enterrer parce qu'ainsi va la vie.

Une fois le vague à l'âme passé et le recul pris, je suis restée un peu interdite.Ce constat; Internet et les réseaux sociaux ont complètement modifié notre rapport au deuil. Qu'il soit de la fin d'une vie ou de la fin d'un amour, notre rapport à la rupture, à la brisure ne sera plus jamais le même.

Avant, tu ouvrais un carton et y rangeais scrupuleusement les objets, les bouts qui pouvaient rappeler le tout. Les souvenirs logés au fond du palpitant, tu attendais que le temps estompe le glas du coeur. Toutes les scènes des films aux livres en passant par les BD, toute une vie se rangeait dans un carton.
Venaient les pèlerinages à la tombe, chaque jour, chaque semaine, chaque mois et chaque an. Le temps que cela s'apaise, qu'on se remplisse de jolies choses.

En pensant à l'instagram de cette maman éplorée, je me suis demandé comment elle faisait pour aller de l'avant. Chaque nouvelle personne qui tombait sur son compte, qui découvrait son histoire, qui manifestait de la contrition depuis un an. Chaque jour, une nouvelle compassion d'étranger venant lui rappeler que son petit homme n'était plus, comme si la douleur au fond du coeur n'était pas assez intense. Effarée j'ai même vu quelqu'un qui lui demandait si elle comptait refaire un enfant.

J'ai pensé à Black Mirror qui en se projetant dans les années à venir imaginait les dérives de la technologie à outrance, des médias. J'entends parler de ce jeune homme qui n'a pas changé de statut sur facebook depuis le décès de son amoureuse il y a quelques années, je repense à ma tante qui animait le compte de mon oncle après le décès de celui-ci, je repense à facebook qui me rappelait de souhaiter son anniversaire à tatie Lisiane alors que ça faisait un mois qu'elle souriait sous les racines.

Peut-on faire son deuil dans ces conditions, en étant constamment rappelé de ce qui n'est plus, en n'étant qu'à un album photo de ceux qui sont partis. Peut-être qu'avant les gens construisaient leur mausolée aux disparus mais dans l'intime des portes closes, la peine se veut pudique, solitaire et invisible.


vendredi 10 avril 2015

Quid du courage?

Statut : Be Fierce, Have No Fear



Il est 17h au Cours Julien à Marseille. Je bois un café avec Marie, on parle de nos vies, des fleurs et du printemps. A un moment du coin de l'oeil je vois passer une commerçante de l'association pour laquelle je travaille. Et dans sa foulée un jeune homme qui lui glisse la main dans la veste et vole son porte-monnaie.
C'était peut-être un accès de folie, mais je me suis levée, précipitée sur le minot. Je l'ai chopé et lui ai hurlé dessus avec toute la colère d'une Mauricienne en feu. Il a prestement rendu le porte-feuille et a sorti tout aussi vite un opinel (couteau – arme blanche reconnue) qu'il a déplié consciencieusement pour me faire peur. Et ça m'a rendue ivre de rage et je lui ai encore plus hurlé dessus «  QUOI ??? Tu crois que tu vas me planter avec ton couteau ? Range-le ton putain d'opinel ». Il a déguerpi sous le regard de ses chefs (un groupe de jeunes hommes de 17 à 20 ans). Il fallait battre en retraite clairement. J'ai rendu son porte-feuille à Justine, suis partie payer mon verre et le patron du bar m'a félicitée en me disant sur le ton de la plaisanterie qu'il avait besoin d'un mec de la sécurité.
J'ai appelé les flics, les « chefs » sont revenus m'ont vu en train de le faire, ont essayé de m'intimider et voyant que je continuais mon appel sans quitter leurs yeux, se sont barrés. Les flics sont venus ( 20 minutes plus tard) ont négligemment noté mes coordonnées en me disant que j'étais bien courageuse et que plus personne ne faisait ce genre de choses de nos jours. J'ai oublié de demander ma médaille en chocolat.


Je suis fière de moi. Mais je suis désemparée. Je ne pense pas être plus que ça une fille courageuse ou trop téméraire. Peut-être qu'un profond sens de ce qui est juste et ne l'est pas m'anime. A cette terrasse nous étions une cinquantaine et pas une seule personne ne s'est levée pour m'épauler. Pas un homme, pas une femme. Personne. Est-ce que je suis folle de m'être levée ? Est-ce que je suis folle de ne pas avoir toléré un tel acte flagrant en plein jour ? Est-ce que c'était normal qu'en voyant sortir un opinel personne ne bouge ? Et même pour l'acte en lui-même venir m'aider à appréhender le minot et ne pas se comporter comme si c'était normal de voler et d'être agressif avec un autre individu ?

Je repense aux histoires des agressions du métro, des femmes qu'on viole sous les yeux « tétanisés » des autres. Il n'y a pas de tétanisme. Il y a juste un putain de gros individualisme qui vrille cette civilisation qui ne se mouille plus, qui ne s'engage plus, qui ne pète plus de câble.
On débat derrière des écrans et on se sauve devant le conflit. Peut-être que c'est une différence culturelle, qu'à Maurice je pense que les gens se seraient précipités à coups de savate pour dégommer le minot, pour lui dire STOP.

Il n'y a pas d'excuse au désengagement qui à mes yeux frise la lâcheté. Que ce soit de la part des hommes ou des femmes. Un bisou au petit Mathéo 8 ans qui sur sa trottinette est venu voir si ça allait et m'a dit « Ah non ! Ça ne se fait pas de se comporter comme ça, j'espère que les policiers vont arriver. Je reste avec vous ». Il y a encore de l'espoir ?

Pour la première fois en 8 ans en France et 7 ans à Marseille, j'ai eu peur et me suis retournée 6 fois en rentrant prendre le bus. Je n'aime pas avoir peur. Surtout pas quand j'ai fait quelque chose de juste. Ca ne doit pas s'arrêter là, arrêtons de nous planquer, agissons collectivement.




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lundi 12 janvier 2015

Et maintenant?

Statut: L'éducation est l'arme la plus puissante qu'on puisse utiliser pour changer le monde. Nelson Mandela.

Nous sommes le 12 janvier 2015. Déjà. Ce n'est qu'un début d'année mais cette impression qu'une éternité s'est écoulée.
Il y a 5 jours, la France était frappée en plein coeur. Une douleur tellement foudroyante que le monde entier en a éprouvé les remous.

Mais voilà, nous sommes déjà aux jours d'après. Et qu'allons-nous faire maintenant?
Les premières initiatives tombent déjà : le Patriot Act de Pécresse, les 400 postes pour renforcer les effectifs des renseignements de Valls, Sarkozy qui veut surveiller ce qu'il se passe sur Internet.

Non. Non. Ce n'est pas ce qu'il faut à la France pour se reconstruire. La répression alors qu'il y a deux jours encore on en appelait à la liberté?
Est venu le temps de reconstruire les hommes, de reconstruire une société, une nouvelle ère.

Mesdames et messieurs les têtes-pensantes, ce sont les écoles qui ont besoin de renforts. Pas vos bureaux de renseignements. Plus que jamais, il nous faut éduquer nos petits et nos adolescents. Ces adultes de demain qui sont déjà noyés entre les différents amalgames qui se créent à l'aune de ces événements dramatiques. Les raccourcis qui peuvent être faits par les médias, par les gens emplis de haine ne peuvent que bouleverser leur équilibre.
Plus que jamais il importe d'avoir des ateliers autour de la lutte contre le racisme, des moments d'échanges pour partager les différences d'identités et de culture. Être différent n'est pas une tare, être différent c'est pouvoir apporter de la richesse à l'autre, être différent c'est beau.
La France est un melting-pot de personnes d'origines aussi diverses que variées. C'est ce qui en fait sa force. L'heure n'est pas aux débats creux mais au fait de se serrer les coudes et d'aller de l'avant.

Je suis effrayée par les attaques qui sont perpétrées à l'encontre des musulmans. Plus d'une cinquantaine d'actes ont été recensées. Est-ce que cela va continuer de croître? La loi du talion, va-t-elle primer? Ne pouvons-nous pas contrer la haine par l'amour? Bien sûr que nous le pouvons. Plus que certainement. A chaque propos raciste, à chaque remarque qui blesse, à chaque acte dont nous sommes témoins: mobilisons-nous, élevons la voix.

C'est maintenant que tout se joue. Les lendemains de cette marche républicaine ne doivent pas être un retour à l'individualisme. 
Arrêtons de nous indigner derrière des écrans et donnons de notre temps.
Le formulaire d'inscription de SOS racisme pour intervenir dans les écoles : 

Je pense à tous les enseignants qui doivent vivre des moments encore plus difficiles depuis cet horrible 7 janvier, je pense à tous ces professeurs qui m'ont donné un esprit critique et une liberté d'être, je pense à ma maman qui n'a eu de cesse d'être cette institutrice qui luttait contre les inégalités. Je vous dis merci et courage.

Nous sommes déjà demain. 
Et l'heure est à l'action.

samedi 22 novembre 2014

Ouïr votre odeur

Statut : La synesthésie n'est qu'amour.

Dans cette quête de l'uniformisation de la sensualité, les odeurs sont mises au ban des indésirables.
Combien de founettes astiquées au nom de la sacro-sainte hygiène.
"Oh! Toi aussi tu sens la Saforelle? C'est mon parfum préféré de chatte."

On ne garde de bestial et d'animal que les gestes.
Grrrr la levrette claquée.
Aarrrrgh la position de l'éléphant.
On occulte soigneusement que les odeurs, notre odeur jouent un rôle primordial dans l'alchimie du plaisir.

Comme vous j'ai été sciée en lisant cet article de madmoizelle  qui indique que des chercheurs essayent de mettre au point des bactéries qui feront que l'abricot sente la pêche.

Je me demande quand est-ce que ça a basculé?
Quand en est-on venu à abhorrer l'odeur d'un sexe de femme ou d'homme,
Ce capiteux concentré d'éros.
Il n'est rien de plus exquis que de fureter entre les plis de l'intime pour s'enivrer de l'autre.

C'est navrant d'en arriver là.
Que le fait d'avoir une odeur de chatte soit perçu comme un manque d'hygiène.
Je me souviens d'un ami qui me parlait de sa compagne qui se lavait systématiquement avant et après tout rapport sexuel.
Que du chimique dans ses narines et cela le rendait profondément malheureux.

Ce n'est pas mal la transpiration en fin de journée.
Ce n'est pas mal une odeur de chatte excitée.
Ce n'est pas mal le petit fumet entre les couilles.
Graouuu.

Ma petite injonction : ne soyons pas des copier-coller de parfums de synthèse.

Tendrement,
Cat.



lundi 10 novembre 2014

Les secrets de la chambre.



Marie pleure. Son corps est couvert de bleus. C'est leur toute première nuit d'amour et son corps est couvert de bleus. Les bras, les seins, le ventre. Partout. Ça fait une semaine qu'ils sortent ensemble. Elle a voulu attendre, parce que les filles bien attendent. Et elle n'avait pas toujours été une fille bien. En commençant cette relation, elle voulait tout réussir, elle se donnait la chance de construire avec une autre personne, de lui accorder son respect et sa confiance.

Cet homme était un coup de coeur. Intelligent et charmant. Il disait qu'il aimait lire et écrire. Un bel esprit en somme. Elle regarde son corps marqué et ne comprends pas comment elle a fait pour éveiller la bête tapie chez lui. Il n'a pas beaucoup apprécié qu'elle dise "je suis la plus forte" en taquinant. C'est lui l'homme. C'est lui qui a les muscles, la force, qui peut la dompter. Et il la dompte. Se vante d'être un gentil en ville et un vil au lit. Marie lui dit que ça ne se fait pas. La violence, la première nuit. NON. Sans prévenir. Sans avoir rien demandé. NON. Elle aurait dû partir en courant mais elle l'excuse, il a beaucoup souffert avec les filles. Elle prend sur elle. Il faut qu'elle soit compréhensive.

Débute cette histoire qui sera doucement chaotique. Mais de celles où on se convainc que ça en vaut la peine. Les premières semaines sont ludiques et affriolantes fortes de l'ivresse des débuts de tendresse. Elle a tiré un trait sur le malheureux épisode de la première fois. Ils sortent, s'embrassent, se découvrent. Rapidement, Marie est perplexe. Au final il n'aime pas vraiment la lecture. Des migraines récurrentes l'empêchent de s'y consacrer. Il manque de curiosité parfois, elle doit négocier pour qu'ils aillent voir des films qu'elle aime, qu'il s'intéresse à son univers et ce qui la touche. Marie a l'impression qu'on lui a menti sur la marchandise. Sur le papier il avait l'air parfait. Au demeurant il se comporte en gendre idéal. Sauf peut-être quand il entretient des rapports contestables avec des filles d'internet. Marie ne comprend pas trop pourquoi il veut encore voir ailleurs, alors que leur idylle commence à peine. Est-ce qu'elle ne suffit pas? N'a-t-elle pas assez d'enthousiasme en elle? Une fille, deux filles, trois filles. Trop de filles. Rien de concret. Juste des jeux de séduction dont elle est témoin à travers les vitres sans tain que sont les réseaux sociaux. Elle lui dit de corriger ce comportement qui est blessant mais il lui demande d'arrêter de se faire des films, de ne pas être une "drama queen". Elle se déteste pour ce manque de confiance en elle et en lui. 

Marie est touchée mais sur ses gardes. Il la couvre de cadeaux. De cadeaux trop chers. Il lui dit que ça lui fait plaisir, c'est normal puisqu'il l'aime. Mais elle ne veut pas de cadeaux, elle veut discuter, échanger, découvrir l'autre, débattre, confronter des idées et des points de vue. Se nourrir de l'intellect. Elle est une sapiosexuelle pardi! Mais au final lui n'aime pas les trop longues discussions, ça lui donne mal à la tête. Elle le fatigue avec ses attentes. Marie se referme un peu. Le mois de novembre approche. Il y a eu beaucoup de tensions. Les bleus au corps sont devenus des bleus à l'âme. Au lit elle se recroqueville souvent parce que l'osmose n'est pas là, elle pleure des larmes silencieuses. Il intellectualise beaucoup le sexe, manque de sensualité et aime un peu trop Pierre Woodman. Elle lui demande de faire un effort, il doit demander de l'aide parce que le cul c'est le nerf de la guerre. Un soir elle s'en va en courant parce qu'il lui dit de passer chez l'esthéticienne se faire épiler alors qu'elle en revient et qu'elle a le minou tout beau. Il la regarde sans la voir. Mais il l'affiche beaucoup, pour montrer à celles qui n'ont pas voulu de lui qu'il était heureux et qu'il avait SA petite-amie. Elle pense parfois qu'elle est sa béquille sociale. Elle se demande ce qu'elle fait là, pourquoi elle reste. Elle ne veut pas abandonner, ça se construit un couple, ça doit passer les premiers mois d'adaptation. Elle se fait violence malgré son moral qui s'étiole de plus en plus.

Marie est triste. Parce qu'ils se disputent beaucoup. Elle a une trop grande gueule, il n'aime pas beaucoup les filles qui ont trop de tempérament. Le combat des féministes l'épuise, parce qu'on n'entend parler que d'elles et qu'à un moment c'est bon, ça va. Marie sait qu'elle exige beaucoup de choses, elle s'essaie au couple n'en connaît pas les rouages et les fonctionnements. Un jour elle lui demande "C'est quoi mes défauts" et lui "Tes goûts en matière de lecture". Elle ne se savait pas que c'était un défaut. Marie se meurt petit à petit, parce qu'elle devient amère et pleine de fiel. Qu'elle fait beaucoup trop de reproches. Elle peste, doute, veut le changer, l'adapter. De son côté il lui assure qu'il l'aime comme elle est, qu'il n'a rien à lui reprocher, qu'elle doit apprendre à s'aimer, qu'il ne pourra pas le faire pour elle. Marie ne comprend pas pourquoi elle n'arrive pas à faire confiance.
Elle n'y arrive pas. Elle sent que quelque chose manque. Mais quoi?

Décembre puis janvier arrivent, Marie se tait maintenant . Son sang est fait d'amertume. La période des fêtes n'est pas la plus belle. Le premier anniversaire de la mort de sa tante chérie vient de passer, c'est le sixième Noël loin de sa famille, la mélancolie l'étreint. Mais elle se dit que l'hiver passé ça ira mieux. Et puis un jour par sms, il lui fait comprendre qu'il ne veut plus. Comme ça du jour au lendemain. Marie ne comprend pas. Il venait de lui dire "Je t'aime"et là tout à coup, sans prévenir il n'y avait plus d'amour de son côté. Marie lui enjoins d'essayer, de leur donner une chance. C'était leur première crise. Non, non. "Tu n'es plus douce. Tu n'es pas celle que j'ai rencontrée. Nous avons des points de vue trop divergents". "Mais, mais attends. Attends. Pourquoi ne m'as-tu pas fait de reproches au fur et à mesure? Pourquoi m'alignes-tu comme ça?". Il ne veut plus. Il accepte de la voir, pleure avec elle, l'enlace. Elle se dit qu'il y a un espoir. Mais non, il lui confirmera son souhait d'en finir dans un instagram direct. Les fins d'amour 2.0.

Elle pleure. Beaucoup et puis moins. Ce sont les choses de la vie. Même si elle ne comprend pas. Elle prend du temps pour elle, se retire un peu de la vie sociale. Se reconstruit. Pardonne et avance. Et puis Marie découvre sept mois après leur rupture qu'il l'avait trompée alors que ça ne faisait que quinze jours que leur idylle avait commencé. C'était donc ça le grain de sable dans la machine. La pièce manquante du puzzle de ses hésitations. On ne bâtit pas sur un mensonge. Elle rage et pleure. Comme une deuxième rupture. Mais cette fois-ci avec la vraie raison. Ça la soulage. Elle comprend mieux le malaise qui ne la quittait pas.

Marie relève le menton. Elle se souvient de la fille qui sortait de cette rupture, brisée d'avoir fourni tellement d'efforts, d'avoir eu honte de son corps, de son excès de libido, de son manque d'intelligence, de ses accès de tristesse, de son inaptitude à être une fille douce et enthousiasmante. Elle sortait de là convaincue qu'elle n'était pas faite pour être une compagne, qu'elle avait réussi à effrayer et rendre triste un gentil garçon qui ne lui voulait que du bien. Parfois il faut du temps pour se rendre compte qu'on était dans une relation abusive. L'abus ne s'opère pas que dans la violence physique mais aussi morale et intellectuelle. Quand l'âme balbutie il faut s'inquiéter.

Elle ne savait pas qu'elle venait entière et lui masqué. On joue tous un rôle, certains plus que d'autres.




jeudi 17 juillet 2014

Désolée Maman, je ne suis pas féministe.

Statut: Flemminisme.

Maman, tu m'as mal élevée. Je suis désolée de te le dire.
Je ne suis pas féministe.
Je me comporte en arriérée. En 2014, je le crie haut et fort.
C'est mal. C'est vraiment mal.

Si tu savais, il faut que je rende ma carte de femme. Et que je dépose mes ovaires et mon utérus.
En ne me ralliant pas à une terminologie, je me condamne à l'opprobre.
C'est fou n'est-ce pas?

L'omerta règne.
Faut pas trop parler des jeunes femmes qui réussissent.
Parce que voilà elles sont minoritaires.
Leur situation ne peut pas servir d'exemple, ah non!
Ce serait donner raison au patriarcat, ce serait se soumettre.
Si on ne veut pas se comporter en victime, on est mise au ban.
On est opprimée à l'intérieur de l'oppression.
L'antiféministeshaming. 
Pointée du doigt parce qu'on est indigne.
Indigne de toutes ces luttes qui ont été menées pour nous.
Parce qu'on refuse de se revendiquer féministe.
Il y a plein de mots fleuris pour nous : les lâches, les tièdes etc.

A 25 ans j'ai eu cette chance de réussir.
Je n'ai jamais peiné à trouver du travail.
J'ai été payée comme mes collègues hommes.
J'ai eu des modèles de femmes chefs d'entreprise,
directrices de cités universitaires, régisseuses techniques,
électro, sondières.
De copines qui partaient en road-trip seules, qui se débrouillaient.
De femmes indépendantes et engagées qui géraient de main de maître des festivals.
Putain, j'ai osé penser qu'on avait avancé un peu. Qu'on était sur la bonne voie.

Mais non. Parce qu'il faut voir le verre à moitié vide.
Mon cas et le cas de toutes celles qui se sentent épanouies,
ça n'a aucune valeur. Pourtant on voulait dire à Olympe
que sa mort n'a pas été vaine. Qu'il y a eu des avancées quand même.
Et que bien sûr la lutte continue, mais qu'elle n'a pas été vaine.

J'ai eu le malheur de croire que j'étais libre.
Libre de refuser une appellation, une étiquette.
Libre de refuser d'être contre "l'homme".
Libre de ne pas avoir envie de participer à une guerre des sexes.

Mon engagement à moi je le pratique à petite échelle.
Quand je discute avec des adolescentes, que je leur partage mon expérience,
que je leur dis qu'on peut réussir, qu'on a le droit d'être respectée.
Quand avec une copine j'empêche un mec de lever la main sur sa chérie.
Quand je dis à une meuf de ne pas insulter les hommes.
Quand je vais danser avec les SDF sur les pistes de danse parce qu'ils sont
des humains comme nous.
Quand je discute des heures durant avec une vieille personne seule.
Quand je donne de mon temps pour l'alphabétisation des personnes précaires.
Quand je ne me braque pas dès qu'un homme m'approche, histoire de lui donner sa chance.

Oui aux personnes qui montent au front et qui veulent brandir un étendard.
J'entends qu'il y a mille nuances dans le "féminisme".
Les pro-hommes, les anti-hommes, les pro-putes, les anti-putes.
Les bien-baisées, les mal-baisées, les heureuses, les malheureuses.
Mais la simplette que je suis trouve cela trop compliqué.
J'éprouve du respect pour les engagé(e)s, vraiment.
Sauf que malheureusement, ces dernières années ce ne sont pas forcément les personnes
constructives qui sont descendues dans les rues.
Beaucoup sont restées derrière leurs écrans à s'indigner de loin. A signer de jolies pétitions change.org.
Dans les rues on a retrouvé les extrémistes, ceux qui veulent détruire tout
ce qui a été édifié. Les Femen, les anti-mariage pour tous, le jour de colère.
Les indignés étaient ailleurs, devant les matchs, aux apéros, à changer le monde
sur des forums.
Sont-ils prêts à sacrifier leur confort pour la cause? A s'engager dans des grèves de la faim?
A mener des actions coup de poing? A mourir pour les générations futures d'hommes et de femmes?
Mes amis hommes féministes, je vous demande:
- Avez-vous demandé la baisse de vos salaires en solidarité avec les femmes sous-payées?
- Êtes-vous descendus dans la rue pour demander la parité au niveau des congés parentaux?
- Êtes-vous à 50/50 des tâches ménagères?
Il se passe comment votre féminisme outre le fait de respecter "la femme"?

Je n'abandonne pas la lutte.
Je ne cautionne pas les agressions, l'intimidation, la violence, la disparité.
JAMAIS. AU GRAND JAMAIS.
Je refuse juste une étiquette.
Parce que dans la sectarisation il y a de l'extrémisme.
Et l'extrémisme ne me convient pas.

- "Quoi tu ne bandes pas? Putain mais tu sers à rien, je suis venue pour baiser et
t'es même pas foutu de me niquer correctement? Dégage" Machine - 26 ans.

- "Je trouve cela avilissant de te sucer." Machine - 23 ans

- "Le vagin n'a pas vocation à être pénétré".

- "Quoi tu lèches pas? Tu sers à rien!". Machine - 30 ans et des poussières.

Ces dérapages féministes-extrémistes sont de plus en plus fréquents. Cette néo-gynarchie
a créé des énervées prêtes à en découdre avec tous les hommes quels qu'ils soient,
à la moindre faille, à la moindre faiblesse, elles vont montrer qu'elles dirigent,
qu'elles gèrent, qu'elles ne vont pas se laisser faire. Et ce quitte à les humilier,
à les remettre à leur place.

Donc non, vraiment non.
Je vais faire cavalière seule.
Lutter à mon échelle, prendre ma vie en charge et
aider à ma hauteur ceux qui ont besoin d'être aidés.
Dénoncer les injustices tant envers l'homme que la femme.
Parce que ce foutu monde n'est pas manichéen,
qu'il n'y a pas "les féministes" et "les autres".

Donc oui Maman, je suis désolée. Je ne suis pas féministe.
Mais je pense que tu m'aimes quand même.
Et c'est tout ce qui importe à mes yeux.


Article écrit à vif - Je n'avais pas envie de trop rationaliser ce qui se tramait dans mon coeur et ma tête.
Tant pis s'il n'est pas cohérent - A ce moment T de ma vie, je pense ce que j'exprime ici.

samedi 12 juillet 2014

Chercher la caresse.

Statut: "Try a little tenderness" - Otis Redding.

Chercher la caresse.
Les tendresses égarées
entre deux meurtrissures.

Oser les effleurements,
les baisers dentelle.
Les doigts qui glissent à peine,
le long d'un corps désiré.

Se confier entre les oreillers
les espoirs, les envies, les désirs.
Les faiblesses aussi.

Descendre les draps loin
des corps pudiques.
Réveiller les ardeurs enfuies.

Le temps qui se suspend.
Pour que l'intime s'expose.
Pour que les regards se fassent doux.
Et les étreintes chaudes.

Un peu d'amour.
Au hasard.